ALBA (fr.)
Nous avons déjà vu que dans les années 20, de nombreuses marques ont émergé, notamment pour s’orienter vers le cyclecar. Cela a été rendu possible par les grands distributeurs de moteurs (Ruby, Fivet…). En effet, ces derniers n’allant pas jusqu’au bout de la construction automobile, ils offraient de superbes bases qui ne demandaient alors plus qu’à être complétées. Beaucoup ont donc saisi cette opportunité qui semblait parfaite point de vue économique.
La marque Alba n’y fait pas exception. D’abord fondée en tant que société de constructions métallurgiques en 1913, c’est après la Seconde Guerre Mondiale que l’entreprise basée au 47 rue Rouget De L’Isle à Suresnes se tourne exclusivement vers la construction d’automobiles. Le lien s’est fait naturellement puisque l’entreprise fournissait déjà des pièces pour des châssis. De plus, dès 1914, des autos sortaient de l’usine en brique rouge. Cette voiture, une 7cv étaient en réalité un assemblage de pièces venant de diverses marques. Assemblées avec méthodologie et rigueur, elles étaient d’une grande fiabilité. Seul une dizaine d’exemplaire purent être produits avant le déclenchement de la guerre.
Cette période était à double tranchant pour les marques autos. Soit la société coulait, soit au contraire, l’effort de guerre leur permettait de s’enrichir. Alba fait partie de la deuxième équipe. En 1918, les caisses sont tellement pleines que la marque revoit son approche. Plus besoin de produire des voitures économiques, Alba peut désormais développer son projet, avec de nouveaux brevets à la clé. L’un d’eux sera la clé de voûte du succès des deux modèles produits après-guerre.
A une époque où les voitures sont de plus en plus rapides, la sécurité est quelque peu mise de côté. En effet la recherche de la légèreté et de la vitesse ont amené les constructeurs à moins mettre l’accent sur les humains qui sont derrière ce volant. Ainsi, Alba se démarque en imaginant un système de freins à commande mécanique Perrot à l’avant. Cette sécurité en plus convaincra la presse de l’époque qui ne tarira alors pas d’éloge pour les petites suresnoises. Ces freins furent un tel succès que Citroën en équipera sur ses 5cv.
La première auto que présente Alba est une 10/12cv de 850 kg. Elle pouvait alors atteindre les 80km/h.
Rachetée juste après par Lucien Bollack, Alba présente dans la foulée un cyclecar 6cv dénommé Bobby-Alba. Ainsi qu’une voiturette Alba 12cv à la cylindrée un peu exagérée (1724 cm3). Son aspect par contre ne laisse aucun doute. Fuselée avec une carrosserie torpedo, elle s’inscrivait dans les normes aérodynamiques de l’époque tout en pouvant accueillir 4 personnes.
Très résistantes, elles sont surement trop conventionnel pour justifier leurs prix. Elles n’eurent pas le plus grand des succès, mais offrait tout de même à Alba de quoi être rentable.
Et pour relancer les ventes, Alba s’inscrit en course puisque comme on dit, « victoire le dimanche, ventes le lundi ». Ils cibleront les 24h du Mans 1924. Pour ne pas faire pâle figure, ils consacrent toutes leurs connaissances et leurs finances à la réalisation de la Type S4.
Malheureusement le duo de pilote Raoul Roret et Bruno Calise ne verra jamais la ligne d’arrivée puisque la petite Alba de la catégorie 1100/1500 abandonne sur problème mécanique au 79è tour.
Ne s’étant pas fait remarquer en Sarthe, les ventes d’Alba ne décollèrent pas, et le petit pécule amassé en 1918 disparu dans la conception de la S4. Malheureusement cette crise interne arrive au pire moment. En effet, après 1924, la sécurité automobile devient un vrai sujet, et de plus en plus d’innovations voit le jour éclipsant petit à petit les technologies d’avant guerre. La marque n’arrive pas à suivre et tentera en dernier espoir de présenter un modèle proche de chez BNC. Les ressemblances sont peut être dues au fait que Bollock est l’un des fondateurs de BNC. Mais le succès n’arriva pas, et avec la crise économique de 1928 frappant violemment les entreprises, Alba ne peut plus résister. Elle disparaîtra comme de nombreuses autres en 1929. On dénombrerai 4 modèles ayant survécu à ce jour.
Cette histoire nous montre bien que le succès peut n’être que temporaire, et qu’aujourd’hui encore des marques autrefois légendaires sont désormais en faillite. Il est difficile de voir comment Alba aurait pu changer quelque chose. Peut-être que si ce problème mécanique n’avait pas eu lieu au Mans, on roulerait aujourd’hui en Alba. La mémoire de cette marque reste tout de même présent lorsque l’on voit les anciens locaux transformés en logements. La brique rouge semble être empli d’histoire et l’on peut s’imaginer les quelques exemplaires produits à la main sortirent par ce portail, les mécanos autour se frottant les mains dans un torchon pour enlever l’huile et s’écriant « Ah la belle auto ! » ; une phrase simple mais pourtant à l’origine du nom ALBA.