ALCYON
Si Edmond Gentil est connu dans le milieu du cyclisme, son nom ne résonne pas dans la tête de tous les amoureux d’automobiles. Cela pour une raison évidente, Gentil et sa marque Alcyon ont connu de grands succès sur 2 roues, moins sur 4.
En 1902, l’automobile est perçue comme un objet de prestige, cher, et dont l’utilité reste à prouver face aux carrosses. C’est donc dans la moto et dans le cyclisme que la toute nouvelle marque de Neuilly, Alcyon, s’engage. Dès ses débuts, elle connaîtra un fort succès, notamment du point de vue sportif, avec 1 championnat du Monde Moto remportée par Alessandro Anzani sur une Alcyon moteur ZL.
Ce succès entraînera la création de l’équipe Alcyon-Dunlop, qui deviendra une légende dans le monde cycliste. 14 Tours de France, 12 Paris-Roubaix ou encore 6 Milan-San Remo, bref la liste est encore très longue pour ne serait-ce que résumer le palmarès d’Alcyon. Le succès est tel qu’elle absorbera de nombreuses entreprises dans ce domaine, comme Armor.
Fort de finances solides, de compétences dans le domaine mécanique, et d’une soif irrépressible de victoire, Alcyon s’essaye à l’automobile en 1906. La première voiturette à sortir des usines des Hauts-De-Seine est baptisée la Type 7. Son moteur monocylindre de 728cm3 et refroidi par air délivrait 8 ch. Elle propulsait la caisse en bois de 430 kg à 45 km/h. Elle sera vendue avec un slogan en accord avec l’oiseau légendaire qu’est l’Alcyon, c’est-à-dire : Légères, Gracieuses et Solides ; et sera alors une réussite en terme de vente.
Mais ils ne perdent pas de vue leur principal objectif, la course. Pour répondre à ce but, ils préparent tout une gamme de voitures monocylindres. En tout, 3 cyclecars voient le jour. Un 725 cm3, un 950 cm3, et un 1000 cm3. Parallèlement à la production de monocylindre, Alcyon se lance aussi dans le 4 cylindres, moteur le plus performant de l’époque. Ils seront alignés dès 1907 dans diverses épreuves, et offriront de nombreux succès à la marque. 1er à la coupe de Béziers ou encore victorieux sur les routes rennaises, Alcyon obtient aussi diverses récompenses honorifiques comme la plaquette d’argent au concours de régularité de Monte-Carlo. Ces résultats s’expliquent par les bonnes performances de la partie mécanique. La carrosserie en acier embouti est tractée par un moteur 8/9ch, la boîte manuelle 3 rapports est en prise direct, et la transmission par double cardan assure compétitivité et fiabilité. Ces succès engendrent la reconnaissance du public, et donc une réussite commerciale. Disponible à 3,600 francs (soit 1 460 538 €), il ne fait aucun doute que la marque s’inscrit dans le domaine du luxe. Sa robustesse lui vaudra l’appellation, » la vraie voiture du médecin ».
En 1911 sort le modèle le plus luxueux qu’ait jamais produit Alcyon. Une prestigieuse auto de 3000cm3 de cylindrée , prête pour s’attaquer au circuit de la Sarthe.
Juste avant la guerre, la marque se délocalise à Courbevoie. La 3000cm3, n’ayant pas trouvé son public, surement à cause de son prix très élevé, elle sera ramenée à 2600cm3.
La 1ère Guerre Mondiale éclate et la marque en subira les conséquences économiques. Cela les poussera à abandonner petit à petit leur filière automobile pour s’orienter une nouvelle fois sur le 2 roues. Alcyon produira tout de même une dernière gamme d’auto. Ainsi naît une 2 cylindres de 496 cm3. Elle sera déclinée en deux versions différentes. Elles reproduisaient les performances des Sima-Violet, constructeur et concurrent voisin. La nouvelle gamme s’étend aussi avec un cyclecar monocylindre et constituera le dernier modèle présentée par Alcyon.
Mais quelques propriétaires vont développer leur Alcyon, comme Giroux, le représentant de la marque à Lyon qui mettra au point l’Alcyon G.L (pour Giroux-Lyon) dotée d’un moteur 2L. Il s’inscrira alors à diverses épreuves régionales avec plus ou moins de succès.
La marque n’aura peut être pas marqué de son emprunte le bitume des circuits, mais sur les routes des différents tours cyclistes, Alcyon a tout remporté. C’est pour cela qu’à la mort d’Edmond Gentil en 1946, un trophée récompensant l’exploit cycliste de l’année et portant son nom est mis en place. Il sera attribué de 1946 à 1963 et aura été décerné à quelques grands noms tels que Jacques Anquetil ou Fausto Coppi.
Après l’abandon de la filière automobile en 1928, Alcyon poursuivra dans le domaine du 2 roues jusqu’en 1954, date à laquelle ils se firent racheter par Peugeot. 1957 marquera la fin de la production.
Si Alcyon possède un héritage cycliste, il ne faut pas négliger son passé automobile. En effet, bien que leurs autos étaient mécaniquement conventionnelles, elles offraient confort, fiabilité, esthétique et un vrai luxe pour l’époque. Un passé automobile qui mérite d’être reconnu comme une réelle part du patrimoine français.