ALTA
Dans un petit atelier de Surbiton dans le Surrey, le jeune Geoffrey Taylor assemble à la main sa première voiture. Il a tout juste 27 ans, et sa jeunesse a été ponctuée de divers modes automobiles, notamment le cyclecar. Comme beaucoup d’entre nous aujourd’hui, il rêve de fonder sa propre marque automobile, il rêve que ces esquisses prennent vie.
Dès 1929, il commence à travailler sur un modèle sportif. Il lui faudra deux ans pour l’achever. Ces deux années peuvent sembler longue, mais c’est un temps assez court pour si l’on inclut le fait que toute la partie mécanique et la partie carrosserie ont été travaillée et pas simplement repris d’un autre modèle déjà existant. La petite sportive et son moteur 4 cylindres de 1074 cm3 en aluminium est accompagnée d’innovations telles que de nouvelles suspensions permettant d’abaisser le centre de gravité. Plus tard, une version compétition sera proposée avec un superchargeur faisant passer la puissance de 49 ch à 76 ch. Cette version s’offrira une virée aux 24h du Mans.
Elle subira divers modifications au fil des années, notamment au niveau du moteur qui dans la version finale aura une cylindrée de 2000cm3. Ce premier modèle sera une fière concurrente lors des épreuves de course de côte, puisqu’elle s’affirmera avec plusieurs podiums. 13 exemplaires ont été produits mai seulement 5 auraient survécus jusqu’à aujourd’hui.
Aspirant à intégrer la formule 1, Taylor continue d’apprendre et d’innover. Il présente en 1934 son deuxième modèle, cette fois-ci une monoplace taillée exclusivement pour la course. 4 exemplaires sortiront avant qu’elles soient remplacées par une monoplace décalée (6 exemplaires) puis par une version sport (19exemplaires).
En 1937, une nouvelle Alta est prête à prendre la route. Cette machine semble extrêmement prometteuse, notamment avec cette nouvelle suspension indépendante, mais les évènement internationaux nous empêcheront d’en être sur. Les chiffres annoncées sont exceptionnels, un 0 à 100 en 7s, une vitesse de pointe de plus de 200km/h, le tout pour une auto dont toutes les pièces sont fabriquées à la main.
Si la seconde guerre est un coup de frein à la progression d’Alta sur la scène internationale, elle n’empêche pas son ingénieur de continuer à imaginer et à mettre au point de nouveaux concepts. Cela explique comment une petite marque du sud-ouest de Londres va être la première à relancer le sport automobile au sortir de la WW2. C’est une petite sœur de la version d’avant guerre qu’Alta présente. Baptisée l’Alta 2l, sa puissance monte jusqu’à 230ch. Elle ne mettra pas longtemps à séduire le pilote maison George Abecassis.
Elle sera ainsi engagée dans le championnat f2 dès 1948, mais ses réelles débuts se font en 1950 avec une très prometteuse 9ème place en Belgique. Mais la bonne dynamique ne sera pas conservée. En même temps, comment en vouloir à Taylor qui se voit seul affronter les géants Ferrari ou Maserati. Les deux années qui suivirent furent difficiles pour Alta en terme de résultat, si bien qu’à la fin de l’année 1952, la marque abandonne la f2.
Cependant, avec toujours la même envie d’intégrer la formule 1, la firme britannique prévoira pour 1954 une F1 de 2,5L. Ce projet n’atteindra jamais le stade de la production, mais le temps investi n’est pas perdu. En effet, le talent de Taylor est incontesté dans le milieu, et lorsque les autres constructeurs apprennent qu’il a préparé un moteur pour la F1, ils vont se précipiter aux portes du petit atelier. Ainsi, on ne verra plus de carrosserie Alta sur les pistes, mais leurs moteurs continueront de rugir sur les HMW, les Cooper ou encore les Connaught. Avec ces derniers, ils remporteront le Grand Prix de Syracuse en 1955.
L’année d’avant, la décision avaient été prises d’arrêter la production automobile pour s’orienter dans un domaine plus proche peut-être de Taylor, la mécanique.
Feu Geoffrey Taylor aura construit de ses propres mains ses autos mais aussi l’une des plus belles histoires de l’automobile britannique. De nombreuses innovations, une envie de populariser le sport auto, il ne fait aucun doute que même si la marque Alta a aujourd’hui disparue, elle restera dans les livres d’Histoire de l’automobile et Taylor quant-à-lui restera l’image de la passion automobile à son paroxysme.