ALD (AUTO LOUIS DESCARTES)
De 1982 à 1993, le championnat du Monde d’endurance est divisé en plusieurs catégories dont la C1, qui restera mythique à cause des ces autos légendaires. De la Jaguar XJR-9 à la Mazda 787B, chacune d’entre elles se sont apposées sur nos murs comme poster. Cependant il fallait des finances importantes pour pouvoir jouer un rôle dans cette catégorie. Et c’est donc pour répondre aux besoins des petits constructeurs en soif de victoire la catégorie C2 fût créée.
L’équipe ALD verra le jour quand le pilote Louis Descartes rencontra l’ingénieur Jean-Paul Sauvée. Le premier est déjà connu dans le milieu, notamment pour ses performances en course de côte avec Lola. Le second quant-à-lui est tout juste diplômé. Les deux jeunes hommes (32 et 30 ans) ont cependant le même rêve, construire leur propre écurie qui participerait aux 24h du Mans. En 1984, on assiste à la naissance d’ALD pour Auto Louis Descartes.
En un an, il prépareront l’ALD 01 pour participer à l’épreuve des 24h du Mans 1985. La voiture qui est présentée au Salon de l’Auto de Course est d’autant plus appréciable qu’elle est à échelle humaine. Aucune superpuissance économique entre dans sa conception ; c’est plutôt tout le contraire. La première ALD est développée par une armée de passionnés et ce bénévolement. Ce prototype n’offre pas de grandes nouveautés. Un choix plutôt raisonné lorsque l’on voit que les écuries ayant tenté un coup de poker ont en majorité coulé. Ainsi la 01 se base sur un châssis en aluminium, une carrosserie monocoque, des suspensions triangulaires et un moteur venu de chez BMW, le M80 3.5L développant 440ch. L’objectif de la première participation est réfléchi, humble mais pourtant difficile, terminer l’épreuve. Le moteur préparé par Randlinger tient, mais la boîte et le circuit électrique font des siennes. L’équipage formé de Louis Descartes, Jacques Heuclin et Daniel Hubert arrivera à rallier l’arrivée, soulagement, la voiture a tenu 24 heures. Mais pourtant la joie est contenue. ALD n’ayant parcouru que 140 tours, ils ne sont pas classés pour distance insuffisante.
Ils reviennent 1 an plus tard avec l’ALD 02. Peu de changement sont visibles, seul les roues sont légèrement agrandies pour améliorer la tenue de route du prototype. Cependant dès les premiers tours de roues, la C2 est encore en proie aux problèmes mécaniques, et si l’on en croît les résultats, ils se sont aggravés. En témoigne l’épreuve du Mans 1985. Si l’objectif est d’être classé après 24h, il ne fallu que 41 tours pour accepter l’abandon de la 02 après une sortie de route.
La voiture n’est pas pour autant à jeter et continuera à courir en 1987, au côté du nouveau bébé développé à partir de l’aéro de la Porsche 962, logiquement la ALD 03. Un élément différencie énormément les deux modèles, leur bloc moteur. Si l’ALD 02 continue de rouler avec BMW, la 03 sert à l’expérimentation du moteur Audi 2L. Il ne suffit que quelques courses pour comprendre que le moteur BMW était largement supérieur à celui de la marque aux anneaux.
Le choix est vite fait et pour les 24h du Mans 1987, les ALD 02 et 03 courront avec le moteur BMW. Le bon choix puisque cette année là, la 03 franchira la ligne classée, 11è au général et 5ème de sa catégorie. Ce ne fut malheureusement pas le cas de la 02 qui ne couvrira pas assez de distance. C’est dans l’ombre qu’elle tirera sa révérence.
Au départ du Mans 1988, la 03 est accompagnée de la toute nouvelle 04, elle qui est apparue quelques semaines plus tôt à Silverstone. Elle se démarque par une révision du pare-choc avant, plus profilé. Privilégiant toujours le moteur BMW, devenu le M88, la voiture est plus stable est plus fiable que sa prédécesseure. Mais elle se trouve aussi moins compétitive, finissant à la 22è place. La 03 quittera la scène comme la 02, par un abandon.
L’écurie n’avance pas vraiment depuis sa création, elle ne semble pas pouvoir progresser, ou en tout cas pas sans un renouveau professionnel. C’est pour cela qu’en 1989, une nouvelle équipe d’ingénieurs rejoint les rangs d’ALD. Ensemble ils prépareront trois prototypes en une année. Les deux premiers, les ALD 05 et 06 sont de simples améliorations de la 04. Cependant elles ne seront pas utilisées par l’écurie ALD. En effet elles sont destinées à un particulier, Didier Bonnet fondateur par la suite de l’écurie Debora. La collaboration entre ces 2 parties auraient dû duré longtemps mais les relations entre Bonnet et Descartes fit que le client préféra se tourner vers Tiga par la suite.
En réalité, l’équipe d’ingénieur s’active surtout sur un tous nouveau modèle, la C289. Châssis en carbone, nouveau moteur Ford-Cosworth, bref une refonte totale de la philosophie ALD. La C289 participent au championnat du monde d’endurance, et ne se fera pas remarquer dû à ses résultats peu glorieux. De nombreux problèmes techniques persistent et certains crashs détruisent complètement les voitures, ce qui fait sombrer un peu plus l’écurie.
C’est 3 années difficiles qui s’annoncent pour la petite équipe de Seine et Marne. Le Mans 1989 se termine par un abandon au 75e tour, l’édition 1990 se termina au 36e tour.
Un élément a relever est le Mondial Players de 1990. En effet une ALD C289 avait frappé le mur du circuit Gilles Villeneuve à la manière de Robert Kubica.
En 1991, la C289 devient la C91. Elle bénéficie de quelques améliorations mais pas d’une refonte totale. En effet, la catégorie C2 arrivant à son terme, les équipes ne cherchent plus à développer la meilleur auto et préfère économiser en vue de la nouvelle réglementation. Trois C91 sont alignés sur la ligne de départ du Mans ; aucune ne franchira la ligne.
Au sortir de ces 3 ans l’équipe est au plus mal, et un élément va venir sceller leur destin. Le 27 décembre 1991, le fondateur et épicentre de l’écurie, Louis Descartes se tue lors d’une sortie de route. La marque n’ayant plus le cœur à l’ouvrage, elle arrêtera son activité.
En 1992, une écurie privée fera rouler une C289 avec un moteur V6 de chez Peugeot, sans succès puisqu’ils n’arrivèrent même pas à se qualifier.
Mais en 1994, une équipe privée offrira un baroud d’honneur à ALD. Jean Paul Sauvée, lui qui avait quitté l’équipe lors du grand changement de 1989, fonde son écurie, SBF Team, et utilisera une ALD 06 et son moteur BMW pour une dernière aventure au Mans. Malheureusement le moteur BMW qui était pour le moment l’un des seuls éléments fiables de cette auto, casse et oblige le Team SBF a abandonner. Une triste dernière, mais un résumé parfait de l’histoire d’ALD.
Aujourd’hui cette ALD est aux mains d’un certain Carlo Del Conte qui n’hésite pas à la montrer lors des courses de voitures de collections.
Bonjour, j’apprécie le développement de la courte carrière de Louis Descartes que vous présentez. J
e l’ai cotoyé bien avant l’aventure ALD.
Nous étions amis et avons souvent entretenus nos autos dans différents endroits. Nous avons fait quelques déplacements pour de la cote ou du circuit. Je l’ai toujours apprécié pour sa détermination.
Je regrette sa disparition.