AERO
On en connaît des marques qui ont liés domaine de l’auto et de l’aviation. Adams-Farwell s’est tourné vers l’aéronautique avec leur travail des moteurs en étoile, Rolls quant à eux excelle dans la conception de moteur d’avion, ou encore Saab, qui s’inspire de l’aviation dans diverses expérimentations tel son manche à balai qui servait de volant sur la 92. Certaines marques ont énormément jonglé entre ces deux domaines, notamment la marque anciennement tchécoslovaque Aero.
Sous l’impulsion de l’avocat Vladimir Kabes, l’entreprise Aero naît en 1919. D’abord consacré à l’aviation, elle se tournera très vite vers l’automobile. Cela est dû à des raisons purement économique. En effet la crise qui frappe l’Europe aux débuts des années 20 touche énormément le secteur de l’aviation et les ventes chutent drastiquement. Afin de se sauver, l’usine produira quelques autos en parallèle.
Ainsi en 1929, Aero commence sa production automobile avec un cyclecar dénommé type 10 ou Aero 500. Contrairement à ses semblables, elle n’est pas destinée à la course mais bien au domaine militaire. Le cahier des charges est donc quelque peu différent. Le focus est mis sur la solidité, la robustesse, la capacité de charge et la fiabilité. Ce dernier critère sera atteint grâce au moteur 2 temps monocylindre qui propulsait la type 10 à 70 km/h. Au-delà de ses succès militaires, elle sera surtout un vrai succès populaire (1,359 unités produites) qui convaincra Aero de poursuivre dans le domaine automobile.
Très similaire esthétiquement à sa précédente, la type 18 ou Aero 662, s’oriente cependant plus vers l’automobile de luxe. Elle s’équipe alors d’un moteur 2 cylindres de 18 Ch propulsant l’auto à 90km/h, et de nouveaux freins. Le confort est aussi amélioré grâce à l’extension de la gamme Type 18, qui vient en roadster 3 places mais aussi en saloon 4 places. Le modèle connaîtra alors un succès légèrement supérieur à la type 10 avec 2,615 modèles vendus jusqu’à l’arrêt de la production en 1934.
Aero ayant anticipé la fin de vie de la Type 18, ils travaillent dès 1932 sur un nouveau modèle, la type 20. En réalité ce modèle s’apparente plus à une version Supersport de sa prédécesseuse. Utilisant la même base, la seule véritable différence venait du moteur. On passait alors d’un moteur 662cc de 18 ch à un bloc de 1000cc de 26ch. Cette amélioration lui permettait de dépasser les 100km/h. Dans une société de l’entre-deux guerre, la voiture connaît un succès assez inattendu puisqu’en seulement 1 an d’existence (1933-1934), 2,546 modèles seront vendus.
La même année, Aero se lance en compétition, et brilleront avec une 3ème place dans sa catégorie au Rallye de Monte-Carlo grâce à une auto qui traîne dans les coulisses depuis 1927, l’Aero Monoposto.
La fin de la production de la type 20 est sûrement due à l’arrivée sur le marché de la type 30. Cette dernière sera le plus grand succès de la marque. Elle se dote d’une nouvelle calendre avant qui permet à la marque d’obtenir une vraie identité visuelle. Depuis sa création, la marque Aero n’a pas réellement marqué visuellement. Elle se contentait de recopier, efficacement, les codes esthétiques de l’époque. Comme de nombreuses marques à l’époque, elle vendra alors des châssis-moteur et laissera au client le choix du carrossier. Ainsi la marque Aero connaît de nombreux visages. Elle travaille en étroite collaboration avec le carrossier Sodomka qui propose des carrosseries qui recouvrent les roues, formules très en vogue à l’époque. De plus, elle continue de proposer des performances impressionnantes. Equipée du même moteur 1000cc, elle réussi à atteindre les 105km/h. Bénéficiant d’un succès très important pour l’époque, elle sera malheureusement coupée dans son élan par la WW2. 7,780 voitures avaient été produites jusque-là. Néanmoins, 500 modèles seront produits après-guerre avec cette fois-ci un nouveau radiateur.
Cependant juste avant la guerre en 1936, la marque annonce la production de la type 50. Imposante et très luxueuse, elle se démarque du reste des autos Aero. Les carrosseries prennent la part-belle et envoûte le marché. L’une des témoins de cela est surement l’Aero 50 « Dynamik » qui opte pour une carrosserie Sodomka (présentant des faux-airs de Ford Deluxe Coupe). Sous cette carrosserie se cache un moteur 1997cc de 4 cylindres développant 50 ch. Cette 4 roues motrices peut alors atteindre les 130 km/h. Le modèle aurait surement connu le succès si la guerre n’avait pas éclatée. On ne pourra que saluer le courage dont a fait preuve la marque pour continuer de produire son auto même pendant une époque très difficile. Au total, 1,205 modèles furent produits jusqu’à la fin d’Aero en tant qu’indépendant en 1942.
La marque, comme de nombreuses autres à cette période, fut nationalisée et c’est cela qui mit fin à l’aventure automobile de la firme tchécoslovaque. Aero se sera battu jusqu’au bout avec même une tentative de lancer une auto durant la guerre. La 750 Pony, une décapotable 2 places équipée d’un moteur de 21 ch ne verra cependant jamais le jour. Tout comme la R1500 record, une saloon 4 places dont l’esthétique découlait clairement des carrosseries que proposaient Sodomka.
Certains modèles continuèrent d’être produits juste après la guerre, même si Aero n’existe plus. Ce sont de petites usines de Prague qui perpétuent la légende. Et quelle légende. Une traction-avant Aero est améliorée par la firme anglaise Minor pour produire la Aero-Minor Sport 750 afin de participer en 1949 aux 24h du Mans. Elle y fera forte impression en remportant l’épreuve dans sa catégorie avec plus de 20 tours d’avance sur la deuxième place d’une Simca 6.
Aero est une marque qui n’a pas forcément innové, mais c’est une marque qui a brillé dans tout ce qu’elle a entreprit. Performance, Fiabilité, esthétique, elle a réussi à s’imposer comme un symbole dans tous ces domaines. Elles sont rares ces marques-là, et c’est pour cela qu’il faut lui redonner une certaine gloire perdue. Aero aurait surement continué d’impressionner, serait surement devenu une marque très importante du paysage automobile moderne, mais la guerre a brisé ce futur.
La marque a cependant continué d’exister sous la bannière tchèque. Aujourd’hui associé à l’entreprise Vodochody, ils produisent des avions pour le pays. Bien que tchèque, on retrouve largement plus d’Aero en Slovaquie. Cela s’explique à la situation économique des années 70. En effet, la Tchéquie connaît une vraie croissance à cette période et forcément le pays se modernise. Les « vieilles technologies » sont alors envoyées en Slovaquie et parmi elles, de nombreuses Aero.