AMERICAN BANTAM
Vous connaissez surement la Jeep Willys, véhicule mythique de la WW2. Si elle est inscrite dans les mémoires comme une voiture de chez Ford, son histoire est cependant à nuancer. L’acteur à la source de cette légende est souvent oublié et il est temps de donner à American Bantam une part de ce mythe.
La marque naît en tant que distributeur de la marque Austin en Pennsylvanie. Dès 1929, la marque produit des Austin 7. Jusqu’en 1934, American Austin suit ce schéma avant que la Grande Dépression entraîne sa faillite. 8000 de ces American Austin 7 verront le jour. Ces modèles aux allures de Chevrolet, aux ouvertures sur le capot à la Stutz étaient vendus au prix d’une berline. Dès lors la Grande Dépression poussera les acheteurs à se tourner vers l’occasion et condamnera la petite marque étatsuniennes.
C’est en 1935 que la marque revient sur nos routes, sous l’appellation American Bantam. Cependant la production ne reprendra que 2 ans plus tard. Durant cette période, Roy Evans, le repreneur d’American Austin avait coupé les ponts avec la marque britannique. Il avait alors dû imaginer de tous nouveaux modèles, avec de nouveaux moteurs et de nouvelles carrosseries. On trouve parmi ces essais des camions légers ou encore des breaks à flanc de bois. Jusqu’en 1941, seuls 6000 exemplaires sortiront d’usines. Un échec pour Evans qui se tournera alors vers un nouveau concept, le premium de poche, notamment avec l’embauche de Thomas Hibbard, carrossier chez Le Baron.
Toute une gamme est alors développée, notamment sous l’appellation de Model 60. Plusieurs carrosseries sont alors disponibles, une coupe, un cabriolet, un roadster ainsi qu’un camion léger. Suivra alors le model 62 deluxe roadster, l’ultime Model 60.
Cette période d’échec est marqué aussi par une fiabilité très fragile, en témoigne le célèbre personnage de Disney, Donald Duck, et de ses péripéties au volant de sa voiture, une American Bantam de 1938.
Néanmoins, tout n’est pas à jeter de cette période. En ayant essayé de créer une gamme complète de véhicule, Evans ne se doutait peut être pas à ce moment là qu’il venait de concevoir les prémices de la Jeep.
L’armée américaine lança son concours pour un véhicule léger. Plusieurs marques proposèrent un concept dont le géant Ford. Cependant la surprise fut générale lorsque ce fut le véhicule de Karl Probst, ingénieur de chez Bantam qui remporta le concours. Si ce véhicule n’était pas le plus excitant, c’était surtout celui qui remplissait tous les critères du cahier des charges.
Cette défaite n’enchanta guère la présidence de chez Ford qui reprendra son projet, le rapprochera de celui de Bantam tout en lui offrant un moteur plus puissant. Ils revinrent alors auprès de l’armée pour proposer ce projet tout en déclarant Bantam incapable de produire en masse. Avec le pressentiment de l’arrivée d’une grande guerre, l’argument fait mouche et Bantam dû céder ses dessins à Willys Overland et Ford. Durant ce laps de temps cependant, 2765 Bantam seront envoyés aux armées britanniques et soviétiques.
De constructeur principal des véhicules de l’armée, Bantam sombra petit à petit, passant de simple fabricant de châssis à producteur de remorques pour les Jeep T3.
La production militaire se terminera en 1956, puis Bantam sera repris par Rolling Mills. L’histoire n’ira alors pas plus loin et la marque américaine laissera derrière elle comme un goût d’inachevé.