ALVIS
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Si dans les années 20 la France est le berceau de nombreuses marques automobiles, outre-manche investisseurs et ingénieurs ne sont pas en reste. Loin de là, ils profitent largement de la victoire lors de la WW1 et les investisseurs et ingénieurs ne tardent pas à s’unir pour développer des autos à la pointe de la modernité.
Thomas George John, un entrepreneur gallois qui avait fait ses classes auprès de grandes écoles britanniques, voit l’arrivée de la WW1 comme une grande occasion financière. Il sait très bien que lui et le chantier naval qu’il possède vont être au centre de l’armement anglais lors de ce conflit. Cependant, pour des raisons encore inconnues, l’homme quittera ses fonctions en 1915, en allant s’installer par la suite près de Coventry.
Thomas John doit tout de même retrouver rapidement une activité. Et, lui qui connaissait bien le milieu de l’ingénierie, fut tout de suite intéressé par le rachat d’une entreprise de fabrication de carburateurs et autres pièces mécaniques, Holley Brothers Co. Ltd. Après ce rachat, la firme change de nom et en 1919, la marque Alvis naît.
Le premier modèle qu’Alvis présentera est la 10/30. Cette auto est dessinée par Geoffroy de Freville, un ancien collaborateur des frères Bentley. C’est une 2 places assez légères avec un moteur 4 cylindres de 1460cm3. Au-delà de ce coup de crayon très fin, la première Alvis est aussi un bijou d’ingénierie. Les pistons sont en aluminium, de même que pour la carrosserie qui est cette fois polie et non pas vernissée comme sur les modèles de l’époque. Couplé à la lubrification forcée, la 10/30 se révèle être aussi une incroyable sportive. Elle participera d’ailleurs à de nombreuses compétitions comme la coupe des voiturettes au Mans en 1920.
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En 1921, Alvis reprend sa 10/30 pour proposer la 11/40, une auto de 1598cm3 de cylindrée. Elle sera cependant rebaptisée la 12/40 lors de sa mise en vente. Les acheteurs pouvaient alors choisir l’une des 5 versions disponibles, soit la version tourisme en 2 ou 4 places, soit le coupé, la All-Weather ou bien la berline 2+1.
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Les années suivantes, la marque anglaise est en difficulté financière. Cela l’obligera même à changer sa gamme qui passe alors du luxe sportif aux voiturettes Buckingham, des autos avec moteur V2. Cela n’est que temporaire et vise uniquement à rééquilibrer les finance d’Alvis. Elle obtiendra cette indépendance en 1923, date à laquelle les modèles Alvis commenceront à porter des lettres de l’alphabet comme nom. Les modèles de tourisme porteront la lettre T, le S indiquera les sportives, et enfin le F représentera tous les modèles à traction.
Cette nouvelle relance s’accompagne surtout d’un modèle, un modèle unique qui deviendra l’auto la plus marquante de la marque, la 12/50. Elle fera oublier la 10/30 notamment sa version sportive en très peu de temps. Elle est en effet bien plus performante avec un châssis renforcé et un moteur imaginé par les ingénieurs Smith-Clarke et Dunn. Elle sera l’une des voitures les plus reconnaissables pendant les courses, surtout dans sa version sportive Duck’s back, qui arbore une carrosserie en aluminium poli sans peinture qui donne au modèle un aspect brut de décoffrage. Certains aujourd’hui s’en inspirerai même pour donner une identité à leur modèle (oui je parle de toi le cybertruck).
La 12/50 se révèle être un redoutable adversaire. Elle remportera d’ailleurs la course d’endurance des 200 miles de Brooklands en 1923, un référence dans le monde de la course automobile à l’époque.
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Mais malgré ses succès, la 12/50 ne suffira pas à redresser l’entreprise qui s’était endettée pour amener le projet Duck’s back à son terme. La firme est donc placée sous redressement judiciaire en 1924. Alvis réagira de deux manières. Elle abaissera ses coûts de production et augmentera ses prix de vente. Et cela fonctionnera, puisqu’en seulement quelque mois, Alvis est de nouveau sur de bons rails.
La relance d’Alvis passe principalement par des 12/50 similaires à la Duck’s back. Les SA 2 places et SB 4 places sont les cheffes de fil de cette nouvelle gamme. Les TC 12/40 satisferont les clients de coupés et de berlines. Les différents modèles s’écoulent en 2 ans et en 1926, l’entièreté de la gamme est renouvelée. Un grand changement en effet, puisque 7 modèles vont arriver sur le catalogue de la marque. Ces derniers sont équipée d’un système inédit d’embrayage à disque.
La TA 14/75 est la première 6 cylindres de la marque avec un moteur de 1870cm3. Mais la vraie nouveauté est la SA lancée en 1928. C’est le premier modèle anglais qui soit vendu comme une sportive à traction avant. Cette 2 places est aussi pourvue d’un moteur de 1482cm3 qui affirme son statut de sportive. Elle remportera d’ailleurs plusieurs épreuves l’année de sa sortie comme les 24h du Mans dans sa catégorie. Un résultat un peu truqué, puisque les deux Alvis présentent sur la ligne de départ étaient des 4 roues motrices.
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Vient ensuite la série des Silver Eagle. La première rappelle la 14/75 mais avec un moteur bien plus imposant de 2148 cm3. Sa popularité poussera Alvis a enchaîner directement avec une deuxième version de la Silver Eagle; la Twenty ; en 1931. Cette fois-ci, la cylindrée est poussée à 2511cm3.
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Entre ces deux modèles, Alvis a cependant pris une décision importante. Elle abandonne la course automobile qui, bien que très intéressante d’un point de vue marketing, coûte trop cher à la firme pour poursuivre cette aventure. Mais cela ne veut pas dire que la marque abandonne son côté sportif, au contraire. On a bien vu qu’ils ont sorti la Silver Eagle Twenty juste après. En réalité, les Alvis ne quitte pas vraiment les pistes puisque de nombreux pilotes privés continueront d’acheter une Alvis pour s’aligner sur les plus grandes courses.
La Speed 20, une sportive équipée d’un moteur 6 cylindres en ligne de 2511cm3 est présentée en 1932. Cette fois-ci, c’est le châssis qui présente le plus de modifications. Celui-ci est abaissé afin d’offrir un meilleur centre de gravité. Jusqu’en 1935, la Speed 20 recevra plusieurs améliorations. Sa cylindrée montera alors jusqu’à 2762 cm3. Mais cela ne suffit pas pour les ingénieurs d’Alvis. Ils peuvent encore poussé cette auto et c’est ce qu’ils feront en 1936 avec la Speed 25, en tout point similaire à la 20, exceptée sa cylindrée impressionnante de 3571 cm3.
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En même temps que l’arrivée de la Speed 20, la production de la 12/50 s’arrête pour laisser place à la Firefly. Elles ne rencontrera pas un franc succès et sera vite remplacée par la Firebird en 1934. Elle se veut en avance sur son temps et apporte donc son lot d’innovations comme la boîte automatique ou bien une suspension à roues indépendantes.
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Deux autres modèles seront présentées avant le début de la WW2. Tout d’abord est dévoilée la Silver Crest, une cousine de la Silver Eagle, avec une cylindrée plus raisonnable de 2362 cm3. La 12/70 est le second modèle. Et comme son nom l’indique, elle se veut l’héritière de la 12/50. Mais elle arrive à un moment charnière, d’une part à cause des évènements internationaux, mais aussi puisque c’est à ce moment que débute le déclin des voitures luxueuses mais non sportives.
Alvis participera alors à l’effort de guerre en se spécialisant dans le véhicule militaire, mais surtout la construction de moteur pour l’aéronautique. La Royal Navy utilisera notamment le moteur Alvis Leonidas pour ses hélicoptères.
La firme reprend ses activités automobiles dès la fin du conflit, alors que la crise du charbon fait rage et que les usines de production n’ont pas été épargnées par les bombardements. Ce choix courageux prend forme avec un premier modèle de tourisme, la TA14. Une fois n’est pas coutume, la cylindrée peut être augmentée, alors Alvis n’hésite pas. La sœurette, la TA 21 s’équipe d’un moteur de 3L.
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Alec Issigonis, l’ingénieur de la célèbre mini, passera quelque temps chez Alvis, le temps pour lui de présenter un prototype doté d’un V8.
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Après cette dernière expérience, Alvis patauge. Elle ne produit plus beaucoup d’exemplaires et ne renouvelle pas sa gamme. Mais Hermann Graber ne souhaite pas voir cette importante marque disparaître du paysage. Il concevra alors plusieurs carrosseries pour Alvis, notamment des carrosseries ponton. Les modèles Graber sont aujourd’hui très recherchés. Ce souffle nouveau relancera la marque pour une décennie. Plusieurs restylage sortiront alors afin de suivre les modes de l’époque comme les 4 feux avants à la Facel Vega. Alvis n’est plus en avance, elle suit les tendances. Elle s’inspire des autres aussi dans sa promotion. Elle réutilise les idées de publicité de Rolls-Royce. Ainsi les Alvis sont prises en photos dans des allées de riches villas.
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On ne verra plus de nouvelles Alvis. En effet, dans les années 60 commence le jeu des fusions et des rachats. Alvis s’associe alors à Rover en 1965. Cette coopération s’effectue surtout sur le domaine militaire. Ce regroupement dura 3 ans avant que British Leyland vienne racheter ce duo.
Alvis lâche alors le domaine automobile. Cela ne semble pas avoir été une décision de la firme, mais plutôt une conséquence des divers rachats. Ce qui reste pourtant sur, c’est qu’Alvis est une entité de l’automobile anglaise, voire mondiale. Chaque modèle a su apporter quelque chose au monde des autos. Mais bien sur la 12/50 Duck’s Back aux lignes franches et dont l’aluminium amène ce côté industriel, très anglais est une voiture légendaire. Reconnaissable entre toutes, elle est à l’image d’Alvis, en avance sur son temps et sur ses adversaires. Et c’est peut être cela qu’il faut retenir de la marque de Coventry.
Mais ce n’est pas terminé. En effet si Alvis promettait pouvoir délivrer des pièces neuves jusqu’en 1967, c’est encore le cas aujourd’hui. Il est même possible de reconstruire entièrement une Alvis avec les pièces restantes et c’est cela qui a permis à Alvis de renaître en 2010. La renaissance d’Alvis prend encore plus forme lors du London Classic Car Show au cours duquel Alvis présente la Graber Super Coupe. Ce modèle, esthétiquement quasi identique à celle d’époque, est tout de même équipées des dernières technologies en matière de confort, de fiabilité et de sécurité. Le moteur reçoit une petite amélioration puisqu’il atteint désormais les 172ch contre 130 à l’époque. Mais cette auto hommage est bel et bien un vrai compliment à l’ancien modèle puisqu’elles sont construites à partir des systèmes de l’époque, mais surtout car elle revêtit une carrosserie en aluminium, ce métaux si précieux à la marque. 25 exemplaires ont pu être produits, et il vous suffira de débourser environ 350 000 € pour vous attacher ses services ; ou bien vous achèterez une Ferrari.
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