ALLSTATE
Les grands magasins américains doivent tout vendre. Cette mentalité apparue dans les années 50 a permis l’essor de chaîne immense tel que Walmart, mais il a aussi poussé d’autres entreprises à proposer dans leur magasin un nombre incalculable de produits et ce quelque soit le domaine. Et l’automobile en fait partie.
En 1949, la société Sears Roebuck prend ce chemin là. Elle cherche un moyen de mettre en vente leur propre voiture pour que le client américain puisse acheter tout ce dont il a besoin pour vivre et plus dans leurs grands magasins. Mais ils ne peuvent créer une marque de toutes pièces, avec sa propre usine, ses propres innovations. Ainsi Sears part à la recherche d’un constructeur qui sera prêt à réaliser un partenariat avec eux. Bingo, en 1950 Sears s’allie à Kaizer Frazer pour produire la marque de tous les américains, de tous les états, Allstate. Kaizer était une marque déjà bien implantée dans le paysage américain, mais le patron de l’époque, Mr. Henry Kaizer ne put résister à cette chance. Par l’intermédiaire de Sears, il s’ouvrait à une immense scène de vente.
Ainsi les deux parties se mirent au travail. Il fallait rapidement concevoir un modèle qui soit bon marché. L’idée de l’utilisation d’un modèle Kaizer comme base s’imposa alors. On allait reprendre une Kaizer Henry J apparue sur le marché 14 mois plus tôt avec son moteur Willys de 4 ou 6 cylindres, et on restylerait légèrement la carrosserie. On retrouve notamment un travail de la calandre. Cela constituait un gain de temps et une économie dans la conception.
La sobrement dénommée Allstate se voit pourtant pourvue d’un meilleur équipement que sa sœur aînée, et le tout pour un prix un chouïa supérieur. Inutile de dire que cela donna de l’urticaire aux concessionnaires Kaizer.
Chose nouvelle, les 2363 véhicules produits ne seront disponibles à la vente uniquement par correspondance. Cette nouvelle technique d’achat dans le milieu ne rencontra cependant pas le succès escompté à sa sortie le 20 novembre 1951.
Sears et Kaizer persistèrent et donnèrent une nouvelle jeunesse à la Allstate en 1953 notamment au niveau des feux avants. Encore une fois sans grands succès. Il faut croire que les américains sont restés très attachés à leurs concessions automobiles.
Si la Allstate n’a pas rencontré le succès auprès de la clientèle habituelle de Sears, elle a trouvé sa place dans un domaine bien précis. En effet, avec une mécanique simple, un châssis robuste et un prix alléchant, elle constituait une super base pour des modifications, notamment en dragster.
Aujourd’hui il vous sera plus aisé de trouver une de ces voitures au départ d’un quart de mile que sur un parking de Mcdonald’s.
Allstate n’est pas la voiture la plus passionnante, c’est sur. Mais elle est le témoignage du mode de pensée américain des années 50, d’une certaine société de consommation. Ce coup de poker réalisé par Sears n’est indiscutablement pas une réussite économique, mais elle aura permis à quelques mécaniciens de s’amuser à tirer le maximum de chevaux de cette auto pourtant si anodine.