ALDA
Au début du siècle dernier, peu de personnes influent autant dans le monde de l’automobile que Fernand Charron. Avant de devenir propriétaire de sa propre marque, il a multiplié les expériences notamment dans le domaine du vélo. Tout d’abord coureur à succès, il deviendra par la suite le principal exportateur des cycles Humbert. Dès le début, Charron suit l’évolution de l’automobile de très près. Il semble plus qu’attiré par ses vélos à 4 roues dont le moteur n’est plus les jambes du cycliste. Ainsi, il se lance comme pilote automobile en 1896, aux balbutiements de ce sport.
5 ans plus tard, avec des amis cyclistes (Girardot et Voight), ils fondent la marque automobile CGV (mélange de leurs initiales). Des investissements viendront quelques années plus tard par le biais d’investisseurs anglais.
Charron gravite autour du monde de l’auto et ce même dans sa vie privée. En effet il se marie à la fille d’Adolphe Clément, propriétaire de la marque Clément-Bayard. Cela poussera alors notre cher Fernand à quitter son poste chez CGV pour devenir un membre important de la marque familiale. On le retrouve à la conception, en dirigeant les usines ; à l’exploitation, en devenant le pilote principal de Clément-Bayard.
Mais s’il s’entend bien avec sa femme, on ne peut pas en dire autant de sa relation avec son beau-père. Ils se disputent à plusieurs reprises, et en 1911, cinq ans après avoir rejoint Clément-Bayard, il quitte l’entreprise pour redevenir indépendant.
De nouveau libre, il veut revenir à son rêve principal, partiellement accompli, créer sa propre marque automobile. Ainsi, dans la foulée de sa démission de chez Clément-bayard, Charron fonde, avec Pierre Azaria, ALDA, contraction de la phrase : « Ah ! La Délicieuse Automobile ».
La conception de la première gamme Alda se fait en un temps record. Cette vitesse s’explique par le fait qu’un seul châssis ait été conçu, sur lequel s’applique différentes mécaniques et carrosseries. Le constructeur de Courbevoie propose alors une 15 ch ainsi qu’une 25 ch. La 15 ch est équipée d’un moteur 4 cylindres à soupapes latérales. Plus tôt dans la production, un moteur type Henriod à distributeur rotatif était disponible, mais il fut très rapidement abandonné. Le capot alligator est rendu possible puisque le radiateur est situé à l’arrière du moteur. La 25 ch était quasiment identique, elle ne bénéficiait simplement que d’une amélioration mécanique.
4 carrosseries étaient disponibles à l’achat. Le classique coupé de ville était accompagné d’un torpédo, ligne très en vogue à l’époque. Charron, toujours amoureux de course, ajoute aussi une carrosserie sportive, plus profilée et légère. Enfin, vous pouviez aussi choisir votre Alda en version Omnibus.
S’il existe déjà une version sport de l’Alda, ce n’est pas assez pour Charron. Il prépare alors une version améliorée de son Alda qu’il s’empresse d’aligner aux courses les plus prestigieuses de l’époque. Mais son entrain est vite refreiné par les soucis des ses autos. Elles ne franchiront pas la ligne d’arrivée du Grand Prix de Boulogne, du Grand Prix de France de l’ACF ou encore de la Targa Florio.
Alda n’y arrive pas, et avec le début de la guerre, la marque se tourne vers l’effort de guerre. Durant 5 ans, le nom d’Alda disparaît. Il faut attendre 1919 pour revoir Charron aux fourneaux. Il relance la marque en écoulant les derniers modèles d’avant-guerre restants. Mais encore une fois son comportement va compromettre sa progression. En effet, depuis qu’il ait fait fortune dans le milieu du cycle, Fernand Charron s’adonne à une vie de luxe. Ces dépenses irréfléchies pousseront Azaria à lâcher l’affaire.
Mais Charron réussira à trouver miraculeusement de nouveaux investisseurs. N’ayant plus aucune contrainte, il prépare deux modèles. Un destiné à prendre la relève de la 15 et 25 ch, et un autre beaucoup plus orienté course. Ainsi né en 1920 la Alda 18 ch, utilisant le même châssis que ses aînés. Son moteur latéral 4 cylindres aurait dû attirer la clientèle, mais dès sa présentation au Salon de l’Auto de Paris elle n’attire pas les regards. Elle passe tellement inaperçu qu’il n’est même pas sur qu’elle fut commercialisée.
Elle existait aussi en version 35 ch.
La sportive est quant-à-elle une simple amélioration de la version sport de 1914.
Peu de succès commercial, peu de succès sportif, Alda est une marque ayant surement souffert de son propriétaire. Bien que passionné, son caractère lui ont empêché de multiplier les points de vue. Il est sur que son but était de se faire une place dans le milieu de la course auto et ce sans regarder les finances de l’entreprise. C’est ainsi qu’en 1922, après une soixantaine d’exemplaires produits, Alda disparaît du paysage automobile sans laisser derrière elle un grand héritage.