A.D.A ENGINEERING
Dans la longue, très longue lignée des prototypes n’ayant jamais pu s’imposer à cause de trop nombreux accidents, ADA Engineering fait sûrement partie des exemples les plus frappants.
Tout commence en 1977, avec trois mécaniciens anglais, Leon Smith, Gerard Sauer et Woody Harris. Ils vont petit à petit devenir des références en termes de mécanique de haut niveau, passant de rénovations de voitures de collections à la fabrication de pièce pour prototypes.
Au début des années 1980, l’entreprise est reprise par Chris Crawford et Ian Harrower. Ils feront de ADA, un constructeur à part entière de prototype.
En 1983, ils présentent sur la ligne de départ des 24h du Mans la ADA 01. Equipée d’un V8 atmosphérique Cosworth pouvant pousser la voiture de 823 kg à 305 km/h, elle n’arrive cependant pas à franchir la ligne d’arrivée, victime d’une casse à la 22ème heure.
4 ans plus tard, la ADA 02 prend sa place. Elle sera surnommée « OZ » à cause d’une erreur d’impression sur les fiches de course transformant le 2 en Z. Elle conserve le moteur Ford Cosworth cette fois de 3.3L. Bien positionnée en course, on commence même à se demander si elle ne pourrait pas éventuellement battre les Jag, favorites incontestables. Malheureusement un problème de direction empêchera l’exploit.
A l’inter-saison, la voiture sera confiée à March Engineering afin de la préparer à la saison 1988. Présentant très peu de changement, elle sera donc baptisée la ADA 02-B.
À la suite d’un changement de réglementation à un mois des 24h du Mans 1989, ADA pourra s’engager et s’aligner au départ. Une occasion à ne pas gâcher. Les esprits se souviennent encore de cet outsider qui avait surpris tout le monde en 1987. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cette édition fut un cauchemar. La 02-B ne se fit pas remarquer par ses bonnes performances, mais bien parce que ses portes ne tenaient pas et avaient la fâcheuse tendance de se décrocher à n’importe quel moment. Elle restera en fond de grille, et ce depuis le début de l’épreuve, enchaînant les problèmes mécaniques traditionnels et ceux plus loufoques, perte de puce électronique, perte de puissance. En fin de compte la voiture abandonnera.
Un coup au moral, et pourtant…
1990 signe le retour revanchard d’ADA. La voiture se bat, dépasse et prétend alors à un podium dans sa catégorie. Alors cette fois-ci peut être… Mais vous connaissez la musique. La voiture subit une rupture de suspension et elle se retrouve trop endommagée pour poursuivre la course.
Le seul moment de gloire de la marque remonte à deux ans plus tôt. En 1988, à côté de sa 02, ADA lance déjà la 03. Ultra prometteuse, elle puise chaque cheval de son moteur Cosworth et deviendra une vraie concurrente au titre dans la catégorie C2. La voiture signera même une seconde place au Mans et à Sandown Park. Mais à la mi-saison, la voiture se crash violemment à Brands Hatch. Ne possédant qu’une voiture, ADA devra faire l’impasse sur 6 manches d’une saison qui n’en compte que 11. Les accidents privent une nouvelle fois la jeune marque anglaise de succès.
La marque aurait pu poursuivre son programme C2, mais il faut rappeler que ADA reste une petite firme aux finances très modeste. Et quand Colin Pool viendra pour racheter le prototype, l’offre est tel qu’ils ne peuvent refuser…